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Les vétérans ne reviennent pas indemnes des guerres « coloniales »
Le syndrome de la « Guerre du golfe… »
En Australie il faut se battre pour qu’il soit reconnu
jeudi 9 décembre 2010, par
Même s’ils ont échappé à la mort , les vétérans des guerres coloniales, rentrent au pays avec des séquelles que leur gouvernement refuse de reconnaître pour éviter les indemnisations et les dépenses médicales.
Il ne suffit pas d’échapper à la mort ou à de graves blessures physiques pour rentrer indemne au pays. Nous avons déjà évoqué sur ce site les dégâts causés sur la santé des vétérans de la guerre du Viet-Nam par l’ « Agent orange », les graves séquelles dont ont souffert les soldats du site de Reggane touchés par la radioactivité et les profondes blessures psychologiques qui ont atteint les vétérans US des guerres d’Irak et d’Afghanistan.
Faut-il encore rappeler que l’on estime à plus de 300.000 les appelés revenus de la guerre d’Algérie avec des séquelles permanentes affectant leur santé physique ou pshychologique ?
Et chaque fois les États cherchent à échapper à leur responsabilité. Les guerres sont terminées . Que les survivants se débrouillent pour gérer les conséquences sur leur santé !
C’est un nouvel épisode de cette « lâcheté étatique » que nous racontent les vétérans australiens…et qui nous rappelle qu’il y a encore malheureusement des soldats français en Afghanistan .
En Australie, l’ « Autorité indépendante de rapatriement médical » vient de considérer que le syndrome de la Guerre du golfe n’est ni une maladie ni un accident au regard de la Loi de reconnaissance des situations d’invalidité des anciens combattants !
L’ADA ( Asssociation de défense et de sécurité militaire) estime pour sa part que c’est une définition erronée qui a conduit à ce refus concernant le syndrome .
Aussi le Directeur de l’ADA, Neil James, demande que la loi soit modifiée, afin que le ministère des anciens combattants puisse aider davantage les personnes atteintes de maladies complexes.
« Mais je ne pense pas qu’ils nient l’existence du syndrome » ,ajoute-t-il
« C’est juste une question de définition des maladies. La loi devrait mieux considérer les syndromes complexes.Certains de ces syndromes sont assez déroutant car ils affectent les personnes aussi bien physiquement que psychologiquement, et cela devient très déprimant d’avoir à combattre en même temps sa maladie et la bureaucratie »
M. James affirme encore que les anciens combattants qui sont dans cette situation reçoivent un soutien, mais que celui-ci pourrait être plus efficace.
« Heureusement , les symptômes dont souffrent les victimes de ce syndrome peuvent, pour la plupart, être soignés individuellement. Le vrai problème ici, c’est qu’ils ont vraiment besoin d’être traités ensemble dans le long terme, mais la manière dont le Ministère des Anciens combattants est structuré ainsi que les dispositions de la loi ne permettent pas un traitement cohérent »…
Devant ces tergiversations des autorités australiennes, notre ami Willy Bach [1], conclut :
« Si les futures recrues des forces armées Australiennes ne sont pas encore convaincues qu’elles ne devraient pas risquer leur vie dans les guerres d’agression de l’ »Empire Américain", cette attitude de l’État australien devrait au moins les persuader que leur gouvernement ne sera pas très attentif à leurs besoins quand elles reviendront.
Nous avons vu les années se succéder depuis 1991…. sans qu’il y ait une reconnaissance du syndrome de la guerre du Golfe.
C’est déjà assez que ce type de guerre vous rende malades ! Ne la faites pas ! N’y allez pas ! "
L’armée française en Afghanistan
Voici le sous-titre d’un grand article du Monde qui vient de paraître le 6 décembre :
Depuis 2001, cinquante soldats de l’armée française sont morts en Afghanistan et deux cent cinquante autres en sont revenus mutilés. Quatre d’entre eux racontent leurs difficultés à « se relever »
Cet article qui est surtout consacré aux blessures physiques de 4 soldats, aux soins prodigués et aux solutions qui s’offrent à eux pour l’avenir relate sans détour les pièges rencontrés par les soldats et les conséquences très dures de ces affrontements.
Mais ce document contient aussi quelques passages qui rappellent le texte précédent :
« Jusqu’il y a peu, les structures de l’État avaient oublié ce qu’étaient les pertes militaires, explique l’amiral Jacques Lanxade, président de Solidarité défense, une des principales associations d’entraide. »Et depuis la professionnalisation des armées, les militaires se sentent coupés de la société, confrontés à l’indifférence. « Un soldat blessé passe inaperçu car la société pense : »Il sait ce qu’il a choisi« », ajoute l’amiral.
Plus loin un constat que l’on aurait déjà pu faire durant la guerre d’Algérie :
….« Une étude du service de santé des armées, menée sur trois unités qui se sont succédé en Afghanistan, a estimé que 26 % des soldats avaient au moins un trouble psychique au sens large, et que 15 % nécessiteraient un suivi psychiatrique ».
Et cet épisode commun à toutes les guerres :
« C’est quand leur frère ou leur fils se réveille, au service de réanimation, que jaillit la révolte des familles : pourquoi sont-ils partis là-bas ? Et pourquoi lui ? Les soignants savent que ce moment est celui du sentiment d’injustice, des pleurs et de l’agressivité. Les soldats, ensuite, veulent se convaincre : » J’ai de la chance, je suis en vie. "
Combien vous faudra-t-il encore de victimes françaises, Monsieur le Président, pour que vous cessiez de maintenir des soldats en Afghanistan ? Les révélations récentes de Wikileaks démontrent malheureusement que votre suivisme vis à vis des États-Unis a manqué plusieurs fois d’aboutir à l’envoi de soldats en Irak et au renforcement de notre présence en Afghanistan. Bien regrettable aveuglement.
L’article peut être consulté ICI)
[1] rappelons qu’avec d’autres anciens vétérans il se rend devant les casernes pour dissuader les soldats de partir en Afghanistan